vendredi 5 août 2016

CELTMAN - 25 Juin 2016



En montagne comme ailleurs c'est l'inattendu qui arrive toujours...(Mummery)

Le bilan 2016


Un bilan pas piqué des hannetons...



RUNNING


BICYCLETTE

HOME TRAINER


NAT

On peut remarquer au passage que cette année, j'ai mis l'accent sur la nat' !

De tels sommets, ça donne envie non ? 






L'avant course

La "Big Pink Bike Case" (merci Jean Christophe !)



Par où commencer pour narrer cette belle histoire ?

Je pourrais vous parler du vol Air France Paris - Edimbourg retardé, puis annulé après nous avoir gentiment installé dans l'avion, de l'attente dans le bus, des problèmes de pétroliers, de contrôleurs aérien, de changement de vol Paris-Londres, de violents orages à Londres, de passagers manquants, d'avion retardé à nouveau, de pagaille à Heathraw, de vol encore retardé pour Edimbourg, ce serait long, très long...

Je pourrais tout aussi bien vous raconter notre arrivée nocturne à Edimbourg, nos bagages perdus, des pleurs, une nuit très courte improvisée dans un hôtel. Certainement le moins bon rapport qualité/prix/durée que nous ayons connu mais qu'importe... Nous avons réussi à grappiller quelques heures de sommeil, luxe absolu en ces instants aux airs de 24h chrono. Les inquiétudes, les incertitudes, les rebondissements ont rythmé ces 24 dernières heures.
Nous sommes vendredi matin, 6h, sans bagage, sans rien, juste avec l'espoir de les retrouver à l'aéroport. Dans moins de 8h il faudra s'enregistrer pour la course qui aura lieu le lendemain à 6h de route au nord de l'Ecosse à Torridon précisément. Mission impossible ? 

Tic tac, Tic tac...le compte à rebours a commencé...On y dompte ses nerfs comme on peut.

8h à l'aéroport, verdict, pas de valises...mais par "chance", Caro retrouve la grosse caisse rose ! rien est perdu.
J'ai mon vélo, une pompe, des cales et Caro dispose par le biais du hasard d'une frontale dans son bagage avion, un bon début pour un Iron...
Aucune info ne filtre sur nos bagages. On attend vainement le prochain vol en provenance de Londres.
10h30, plus le temps d'attendre, nous prenons la route laissant derrière nous ce maudit aéroport.

Prochaine étape, il va falloir s'équiper, trouver à tout prix le matériel nécessaire pour s'enregistrer et retirer le dossard ! Prévenir l'organisation, les quelques contacts que j'ai pu nouer avant la course (Marion, Baptiste, le forum facebook...) j'alerte la terre entière, détermination sans faille. Caro conduit, 5h durant.

16h. Comme un air de bout du monde au paysages déchirés qui me plait déjà. Torridon.
Le briefing est en cours...Je patiente et attends la fin pour rencontrer Stuart (l'un des orgas) et lui expliquer la situation. Compréhensif, il me présente Liam et à partir de la, tout s’enchaîne...Magique, il peut me prêter :
Combinaison, tri fonction, lunettes (les mêmes que les mienne), chaussons néoprène, t-shirt de vélo, de quoi retrouver le sourire.





En même temps, (Martin Gabla) un Praguois me propose des gants et une veste imperméable.
Andy, un écossais d'aberdeen m'équipe de chaussures vélo, de trail et d'un bonnet néoprène.La combi pourrait faire l'affaire mais dès qu'une locale me propose une blueseventy, je saute sur l'occas. (un peu juste mais ca fera le job).

Pendant ce temps, Caro gère le kit de survie, le sifflet, les fruits secs dans l'improbable et unique magasin des environs.
Les belles rencontres se succèdent, j'ai réuni le package du petit triathlète grâce à ce formidable élan de solidarité.




Même musique pour Caro, en plus simple, une seule bénévole l'équipera des pieds à la tête en 10mn top chrono.

17h30, je peux enfin retirer mon dossard ! Alléluia ! Ce sera le 39, d'ailleurs, 39 nationalités sont représentées pour cette édition. Coïncidence ? sûrement...

18h, direction notre chaleureux bnb de Kinlochewe (prononcer kin lo qyu) où nous pouvons enfin nous délecter d'un bon repas, entourés de Single Malt...

Après des mois de préparation, deux interminables journées marathon, peu de sommeil, nous y sommes.

Il est 21h30 dans ce coin perdu mais au combien chaleureux du nord de l''Ecosse.

Silence.


La course

1h15. Le classique réveil de jour de course, du pourquoi ça sonne, on enchaîne sur nos rituels, pour moi la douche, froide si possible, le matériel passé en revue, petit déjeuner copieux en compagnie d'un triathlète anglais.

2h15, départ pour Torridon. Il fait frais mais bon. Température idéale pour un Normand. Une bonne journée d'été au grand air se profile.


3h. Dans le parc à vélo. La nuit s'efface peu a peu et nous offre un spectacle mystique aux abords du loch Shieldag. Je le craignais tumultueux et gelé, il affiche des airs de sérénité absolue, mais de fraîcheur malgré tout. Je retrouve une poignée de Français. Ambiance intimiste, je suis détendu. On récupère le GPS qui nous trackera et la boussole (dernier équipement manquant prêté par un organisateur.)


4h. Il fait grand jour. A cette latitude, les nuits sont également très courtes...les bus nous emmènent au départ 30mn plus loin. Le temps de palabrer avec Arnaud...


30 autres minutes à attendre. Les barils enflammés, l'immense et impressionnante croix celtique flamboyante nous offrent un peu de leur chaleur. Pas de doute, nous y sommes, j'y suis. Les midges dévorent les pingouins amassés par dizaine... On immortalise le tableau par la traditionnelle photo.


Ce moment, je l'ai imaginé cent fois, alors j'en déguste chaque seconde, les sens en alerte, imprégné de l'instant.


Les pieds dans l'eau à quelques minutes du départ, quasi dans un état de trans, j'avance pas à pas, c'est froid mais pas insurmontable. Difficile d'en donner une température et après tout on s'en fou. La n'est pas l'important. Après quelques tentatives pour piquer une tête, je parvins à esquisser quelques mouvements de crawl. Les bras tournent, tel un moulin, la machine se met en marche.


Le départ du Celtman est lancé. Une montée d'adrénaline et on s'élance, plutôt on nage.




Fichtre, salée cette eau ! Elle a un goût de domicile et me replonge dans ma chère Manche.

3400m au programme, on doit contourner une île et tracer une longue ligne droite pour traverser ce loch. Dès le début les sensations sont excellentes, en harmonie avec cette nature. Pas vraiment dans l'effort mais dans l'observation...Et toujours cette technique irréprochable qui me caractérise...
Le filet de néoprène s'étire irrésistiblement me laissant seul, très seul...une tête 100m à droite, un kayak au loin.
Zut ! mes gants sont trop grands et se gorgent d'eau à tel point qu'ils me glissent des doigts. Régulièrement je dois m'arrêter et les remettre...Cool ça le fait. Mickey apprend à nager...J'en ris, je me gausse.
´Hey ! les copains, me laissait pas tout seul' . J'ai du dériver sur la gauche, je rectifie le cap mais rien à faire. Je suis attiré vers le large...
Soudain, je touche quelque chose... Ah..les fameuses méduses dont j'avais eu vent, bien présentes, à leur place elles aussi. Tantôt sous une main, tantôt sur le nez, le front. Tête plongeante de méduse, c'est l'euphorie dans le stade...Je divague. Amicales, elles nous accompagnent.

Le son de la cornemuse arrive à mes oreilles annonçant la fin du plaisir, je m'y sentais bien dans ce loch. Ultime étape, prendre pied, tenir debout, d'apparence si facile et pourtant...Les bénévoles nous aident à émerger, une mince affaire pensez-vous. Je grelotte, claque des dents et retrouve un peu de lucidité. Il va en falloir pour la suite...Caro sort de nulle part, elle a raté ma sortie épique de l'eau. Surement trop rapide...1h14 de "glisse"...Un spectateur me tend un verre d'eau chaude que j'engloutis. J'avais pourtant prévu la thermos pour la sortie de l'eau mais bon, elle est en bonne compagnie avec le reste de mes affaires et ma tonne de nourriture quelque part entre Londres et Edimbourg...

Et pendant ce temps, je profite, un peu trop certainement car je m'octroie la 3ème plus longue transition des participants (15'27).

Allez, maintenant je vous emmène sur ma bicyclette...




Ah, les ballades à vélo, en famille, entre amis, au bord d'un lac, en forêt...
6h30 du matin, météo clémente, 202km, 2500D+. Equipement improvisé (moumoute de canapé), de quoi bien se réchauffer sur les 30 premiers km et ça fonctionne. Qu'importe le style, l'ivresse est bien la.
Première pause avec Caro, adieu la moumoute. La machine est réchauffée. J'en ai déjà pris plein les mirettes et j'en redemande.

Analyse de la fréquence de pédalage, sensation, économie, faire l'écureuil de l'énergie, les souvenirs des tests à l'INSEP resurgissement. Je descends tranquillement ma réserve de fruit sec et de barquettes de miel, ce qui au passage fait rire un irlandais à qui je raconte l'anecdote.


Les paysages des Highlands sont somptueux, sans pareil, sauvages, parfois mystiques et chaque virage offre sont lot de surprises.


Walter Scott les décrit ainsi..."Ces Highlands d'Ecosse sont une sorte de monde sauvage, rempli de rochers, de cavernes, de bois, de lacs, de rivières, de montagnes si élevées que les ailes du diable lui-même seraient fatiguées s'il voulait voler jusqu'en haut."


Gairloch, km 60, lieu où les accompagnateurs peuvent profiter d'un petit déj, Caro est là. Deuxième pause cinq minutes plus tard pour faire le plein de coca / eau / bananes et souffler un peu.

On retrouve plus ou moins les mêmes coureurs, les mêmes voitures de supporters, de toutes nationalités, Liam est lui même accompagnateur. Le wagon avance à bon train.

Déjà 100 kms et 3h45 de dévorés, première alerte de fatigue. "LE" coup de mou de la partie vélo, des étourdissements et une baisse de régime. J'en profite pour faire une troisième pause et me refaire la cerise en discutant avec Caro.


Km 110-160. Sur cette portion, en immersion totale sur mon fort intérieur, deux heures de plénitude, concentré comme jamais, dans la course à l'assaut du t-shirt bleu. Les doutes sont encore permis, rien est gagné, il faudra livrer combat !


Je retrouve Caro une dernière fois avant T2 et sors de ma bulle. km 170,180...181,182,185, je m'impatiente, comme d'habitude, les derniers km prennent des allures d’éternité.


T2 ! dans la forêt d'Achnashellach, c'est embouteillé. Il faut se frayer un chemin entre les voitures..

Après 7h12 en selle, je pose le vélo et attends ma chérie quelques minutes en m'étirant...Fatigué mais sans plus, prêt à en découdre avec ce "marathon"...



Des marathons, j'en ai couru...mais des comme ça, JAMAIS !

En guise de sac de trail, un sac à dos d'écolier qui fait bien rire les bénévoles. Les mizuno d'Andy sont au poil !
J'ai 2h10 pour faire 18 bornes avant le cut off et...surprise ça grimpe bien plus que ce que j'avais imaginé.
Je retourne tous les chiffres dans ma tête, refait les calculs, pas de doute, il ne faudra pas mollir sinon bye bye la grimpette dans la montagne ! Je donne littéralement tout ce que j'ai sous la semelle, emboîte le pas de deux italiens qui ont l'audace de me doubler. On dévale les sentiers à "vive" allure, le soleil écossais cogne quoi que l'on en dise, de quoi faire plaisanter les locaux...

Glen Torridon, 15h30, j'arrive à T2A au pied du massif de Beinn Eighe avec 30 minutes de marge sur le cut off, c'est gagné ! Caro est la.
Vérification du matériel par l'orga, il me manque la polaire ! Ah ouai tiens, je l'avais complètement oublié, le mec de l'orga me prêtera la sienne après lui avoir raconté notre histoire...ouf !

Devant nous, 1000mD+ à gravir...C'est parti pour la rando avec Caro. Il fait bon, on profite de la vue du sommet. Scène improbable, un homme se tient debout dans un pierrier, cornemuse sous le bras, il joue à plein poumon, ambiance garantie !
1h, 2h, 3h passent et nous marchons imperturbables. Que c'est bon d'être ici ! Néanmoins, il a quelques moments de faiblesse durant lesquels Caro me tracte. Des pauses, des photos, des "well done, goog job" en veux-tu en voila.
Un passage engagé en désescalade, de quoi pimenter et alimenter nos souvenirs.
5h, un lac à contourner, et le début de l'intttttttteeeeeeeeeeeeeeeeeerrrrrrrrrrmmmmmmmiiiiiiinnnnaaaaaaaaaaaabbbbbbbleeeeeeeeeee descente pour rejoindre T2B. Caro donne le rythme, pressée d'arriver. 15km en 5h30. Grosse moyenne !

Le final, il reste 9km en petite foulée pour rejoindre le village. Caro a récupéré la voiture. Le jour s'est assombrit, je quitte la route pour rejoindre le sentier qui longe le loch, la boucle est bouclée. "Hey, you are the french guy !", Il semblerait que notre aventure ait traversé elle aussi les sommets...
Il aura fallu pas moins de 8h41 pour terminer ce "marathon", "une paille"...

17h33 et un classement anecdotique 108 / 133 T-shirt bleus.

Il faut avoir le don d'aimer la nature, pour être à même de savourer des efforts et des dangers qui nous rendront d'autant plus précieux nos souvenirs et connaissances...

L'après course


Les remerciements ! 






Liam Perks 


Andy Redman




Baptiste Boivin et Arnaud Barboteau



THE CELTMAN CREW



MA CHERIE


Les incontournables moutons !


A toutes les âmes généreuses de cette aventure sans qui je n'aurais pu prendre le départ je vous dis un très grand MERCI !

Et à tous ceux qui de près ou de loin m'ont suivi, pour leurs messages, leurs encouragements !

Prochaine et dernière étape : 26 Août 2016 - UTMB !














La vie est belle !

PS : In English s00n !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire